Ceux qui pensent que l’Internet des objets (Internet of Things – IoT) ne concerne que l’industrie 4.0 se trompent. Les objets intelligents et connectés jouent un rôle croissant dans l’économie circulaire. Deux exemples concrets permettent d’illustrer cette tendance.
Les tenues et uniformes professionnels transformés en source de matières premières
En Allemagne, un bon milliard d’euros est dépensé chaque année pour les tenues et uniformes de travail. La Corporate Fashion, ou mode professionnelle, joue notamment un rôle important au sein de l’entreprise allemande Telekom, où on s’est, pendant longtemps, tout simplement débarrassé des tenues de travail mises au rebut. Or les choses ont désormais bien changé. Depuis environ un an et demi, des conteneurs de collecte sont disponibles sur certains sites de Telekom et peuvent accueillir les tenues de travail usagées. Au cours de l’année, ce sont plusieurs milliers de kilos de textiles qui sont ainsi collectés et peuvent être recyclés durablement. Et ce, grâce à une solution IoT intelligente.
Mesure du niveau de remplissage par capteur
Contrairement aux conteneurs habituels, les conteneurs de collecte sont en effet équipés de capteurs qui déterminent le niveau de remplissage actuel et le transmettent à un cloud via un réseau Telekom spécialement conçu pour les applications IoT. REMONDIS peut ainsi consulter les données et sait ainsi exactement à quel moment les conteneurs de collecte doivent être vidés. Cet outil numérique de mesure du niveau de remplissage a été développé dans le cadre d’un partenariat entre REMONDIS, Rhenus et l’institut Fraunhofer pour les flux matériels et la logistique (IML). Et une seconde équipe travaille actuellement à un second projet baptisé InnoLogBat.
InnoLogBat – Logistique intelligente en matière de batteries destinées à la mobilité électrique
Dans le cadre d’InnoLogBat, le consortium se penche, avec le renfort d’autres partenaires, sur une solution IoT centrée sur la gestion des batteries de voitures électriques. L’objectif est de rendre l’ensemble du cycle de vie des batteries lithium-ion plus simple, plus sûr et plus durable – de leur fabrication à leur recyclage, en passant par leur installation et leur réutilisation dans le cadre de ce qu’on appelle la Second Life. Pour ce faire, les chercheurs développent un nouveau type de capteurs qui se fixent sur les batteries sous forme de dispositifs IoT. Ces dispositifs sont conçus pour surveiller l’état des batteries tout en enregistrant leur emplacement. Il est ainsi possible de détecter les dysfonctionnements de ces sources d’énergie, et ce tout au long du cycle, peu importe que la batterie soit transportée ou stockée.
Condition sine qua non à une utilisation à grande échelle
Les enquêtes de l’Office fédéral allemand pour les véhicules automobiles montrent à quel point il y a urgence à agir dans ce domaine : actuellement, ce sont plus de 618.000 batteries qui sont mises en circulation chaque année rien qu’avec les véhicules individuels à batterie électrique. Un chiffre qui devrait passer à 15.000.000 d’ici 2030 si les objectifs du gouvernement fédéral en matière d’e-mobilité sont atteints. Alliant approche pratique et solution d’avenir, la surveillance continue via un dispositif IoT garantit la sécurité que requiert la gestion de volumes aussi importants.
La technologie de pointe au service de la longévité
Trois questions à Leon Siebel-Achenbach, expert en IoT et systèmes embarqués à l’Institut Fraunhofer pour les flux de matériels et la logistique (IML).
Monsieur Siebel-Achenbach, l’IoT au service de l’économie circulaire. À première vue, cela peut sembler incongru. La mesure du niveau de remplissage de conteneurs et le projet InnoLogBat sont-ils des expériences isolées et atypiques ou constituent-ils au contraire des pistes encourageantes qui ouvrent la voie à un avenir plus durable ?
Leon Siebel-Achenbach: Les solutions IoT en réseau représentent un potentiel énorme pour l’économie circulaire et sont susceptibles d’ouvrir des perspectives prometteuses. Elles contribuent à boucler plus facilement la boucle du recyclage en prolongeant le plus possible l’utilisation de composants tels que les batteries lithium-ion. Et très clairement, les technologies IoT gagnent également en importance dans les domaines de la collecte des déchets et du recyclage.
Quels sont, selon vous, les principaux avantages offerts par les solutions intelligentes dans le domaine de l’économie circulaire ?
Leon Siebel-Achenbach: Pour obtenir des circuits vraiment fermés, les flux de matières doivent être pilotés à différents niveaux de la chaîne de valeur et à toutes les étapes de leur cycle de vie. Pour être efficace, il est nécessaire que tous les acteurs associés au processus fonctionnent en étroite collaboration. Et c’est précisément dans ce domaine que l’IoT peut apporter un soutien précieux : grâce à des interfaces permettant une collaboration fluide, mais également grâce à un échange d’informations continu, sur des aspects tels que la sécurité ou la disponibilité, basé sur la détection d’anomalies ou d’événements au moment même où ils surviennent.
En parlant de disponibilité : la gestion numérique des flux de matières basée sur la technologie IoT a-t-elle un impact sur la sécurité de l’approvisionnement et sur les exigences découlant de la nouvelle loi allemande en matière de chaîne d’approvisionnement ?
Leon Siebel-Achenbach: Absolument. Dans un contexte où les matières premières se raréfient et où les ressources sont de plus en plus chères, il faut s’attendre à une montée en puissance des solutions IoT dans le secteur de l’environnement. Les possibilités technologiques existent déjà. Il s’agit maintenant de les adapter en conséquence pour les rendre opérationnelles et pouvoir les exploiter efficacement.
Crédits photographiques: photo 1, 2: DTAG; photo 1: Freepik: lifeforstock; photo 3: Fraunhofer-Institut für Materialfluss und Logistik IML