Skip to main content
search

30. janvier 2024

Vers une interdiction de la cigarette électronique jetable?

Les « puffs » sont bien souvent à l'origine de départs de feu dans les poubelles et les véhicules de collecte.

Les choses commencent à bouger dans le débat sur l’interdiction des cigarettes électroniques jetables. Et ce n’est pas seulement une bonne nouvelle pour la santé des fumeurs. C’est également un plus pour la sécurité.

Les cigarettes électroniques jetables, communément appelées « puffs », finissent de plus en plus souvent dans les déchets ménagers. Il arrive pourtant que les batteries lithium-ion qu’elles contiennent s’enflamment spontanément, suite à des courts-circuits, provoquant des incendies dans les véhicules de collecte et les unités de traitement des déchets.

Après la Chine, berceau de la cigarette électronique, qui a déjà limité la vente de ces produits, c’est au tour du gouvernement britannique d’agir : Les cigarettes électroniques jetables devraient y être bientôt interdites afin de protéger les mineurs. L’objectif est de lutter contre l’augmentation de la consommation chez les jeunes et de protéger ainsi la santé des enfants.

Selon une étude récente, près d’un jeune britannique sur dix âgé de 11 à 15 ans vapote. Le bureau de l’agence de presse allemande à Londres rapporte que la décision du gouvernement a été saluée par les défenseurs de l’environnement et de la santé au Royaume-Uni. Reste à faire adopter la mesure par les députés au Parlement londonien.

En Allemagne, la consommation est en forte hausse

On observe la même tendance en Allemagne où l’engouement pour les cigarettes électroniques ne se dément pas. Mi-septembre 2023, le lobby de l’industrie du vapotage sans tabac misait sur un chiffre d’affaires en hausse de 40 pour cent par rapport à l’année précédente. Selon les fabricants, ce chiffre devrait avoisiner les 800 millions d’euros, les cigarettes électroniques jetables représentant environ 30 pour cent de ce marché.

En Allemagne, une « puff » coûte entre six et dix euros et contient environ 600 bouffées, soit l’équivalent de deux à trois paquets de cigarettes. Les cigarettes électroniques jetables reviennent donc nettement moins cher que les cigarettes classiques contenant du tabac.

De l’avis de nombreux experts, la tendance au vapotage est à la fois dangereuse pour la santé, contraire au bon sens et nuisible à l’environnement. Outre les piles au lithium, les vapoteuses à usage unique contiennent des substances toxiques telles que du mercure, du cadmium et du plomb. S’ils ne font pas l’objet d’une élimination et d’un recyclage en bonne et due forme, ces métaux lourds peuvent s’avérer nocifs pour la santé humaine, animale et végétale, contaminant à la fois la chaîne alimentaire et l’environnement. Sans parler du gaspillage de matières plastiques qu’engendre l’utilisation des cigarettes électroniques jetables. Un tel gaspillage, alors même qu’elles ne contiennent généralement que deux millilitres de liquide, laisse les experts de l’environnement et du recyclage perplexes.

Après usage, la « puff » finit le plus souvent là où elle ne devrait pas.

Des études menées en Grande-Bretagne il y a trois ans déjà, ont montré que plus d’une « puff » sur deux atterrissait dans les déchets ménagers. Chaque semaine, on estime que 5 millions de vapoteuses à usage unique sont ainsi jetées, contre 1,3 million l’an dernier. En Allemagne aussi, une fois vides, les cigarettes électroniques jetables se retrouvent, à tort, dans les ordures ménagères, dans la poubelle jaune ou encore dans les poubelles de ville.

Se débarrasser correctement des cigarettes électroniques usagées

Conformément à la loi allemande sur les appareils électriques et électroniques (ElektroG), les cigarettes électroniques doivent être déposées, après usage, dans des points de collecte spéciaux, habilités à recevoir les appareils électroniques usagés. Il peut s’agir par exemple de commerçants ou de fabricants qui sont tenus de reprendre gratuitement les appareils électriques usagés. Les particuliers ont également la possibilité de déposer leurs vapoteuses en fin de vie dans des points de collecte communaux.

Afin d’informer et de sensibiliser les citoyens aux bonnes pratiques en matière de collecte des déchets électriques et électroniques, la fondation allemande EAR (Elektro-Altgeräte Register) avait déjà lancé en 2022 la campagne « Plan E » avec le soutien du ministère fédéral allemand de l’environnement, de la protection de la nature, de la sécurité nucléaire et de la protection des consommateurs (BMUV) et de l’agence fédérale allemande pour la protection de l’environnement (UBA). Outre des informations sur le recyclage et les circuits de collecte, le portail en ligne propose un outil de recherche permettant de repérer les points de collecte des déchets électroniques à proximité de chez soi.

Les professionnels du recyclage réclament une interdiction

Les matières premières contenues dans les batteries au lithium-ion sont plus que jamais nécessaires, notamment dans l’industrie automobile. Face à cette explosion des besoins, le secteur du recyclage allemand demande l’interdiction de ces articles à usage unique. L’association professionnelle BDE voit dans les cigarettes électroniques jetables un « gaspillage pur et simple de matières premières » et fustige le fait que, alors même que les politiques ont eu le courage – dans le cas du plastique – d’interdire les cotons-tiges ou les pailles, une interdiction de ces articles, qui aurait pourtant toutes les chances d’aboutir, tarde à voir le jour.

Le secteur du recyclage et de la gestion des déchets est depuis longtemps préoccupé par l’essor des produits à usage unique contenant des piles au lithium, qu’il s’agisse de livres ou de cartes de vœux équipés de mini-haut-parleurs, ou encore de vapoteuses jetables. Il n’est pas rare que des incendies se déclarent dans les installations de recyclage ou les véhicules de collecte du fait de ces batteries. Et le phénomène des cigarettes électroniques jetables ne fait qu’aggraver le problème.

« Rien qu’en Allemagne, on compte près de dix millions de vélos électriques en circulation. Pour ma part, je ne suis même pas certain que la moitié des propriétaires de ces deux-roues soient conscients du danger représenté par les batteries lithium-ion. Sans parler du nombre de vieux téléphones portables, de thermomètres médicaux ou de cigarettes électroniques jetables. Or lorsque les batteries sont endommagées ou défectueuses, le risque d’incendie est bien réel »

Robert Sonnenschein, Directeur de RETRON, lors d’une interview avec REMONDIS AKTUELL

Crédits photographiques: photo 1: Adobe Stock: YarikL