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8. octobre 2024

Emballages recyclables : la marge de progression reste importante

Un recyclage optimisé commence dès le choix des matériaux et la conception des emballages. Nous avons identifié plusieurs leviers pour les entreprises désireuses de rendre leurs emballages plus durables.

Cet article est initialement paru en septembre 2024 dans le magazine « neue verpackung ».*

Les exigences en matière d’emballages ont fortement évolué. Alors qu’auparavant l’accent était principalement mis sur la fonctionnalité et les aspects publicitaires, le thème de la durabilité a gagné en importance au cours des dernières années. Désormais, les emballages se doivent d’être, dans la mesure du possible, recyclables – en effet, plus ils sont facilement réutilisables, plus ils sont précieux en termes d’économie circulaire. Mais à partir de quand peut-on vraiment considérer qu’un emballage est recyclable ?

En Allemagne, la fondation « Zentrale Stelle Verpackungsregister » (la ZSVR) qui gère le registre des emballages et le ministère allemand de l’Environnement se chargent d’apporter une réponse à cette question en publiant chaque année une « norme minimale destinée à l’évaluation de la recyclabilité des emballages ». On y apprend qu’un emballage est considéré comme recyclable s’il existe pour celui-ci une infrastructure de recyclage dédiée. L’emballage doit, en outre, pouvoir faire l’objet d’un tri sélectif et ses composants doivent pouvoir, le cas échéant, être séparés sans qu’il existe d’incompatibilités rendant impropre le recyclage.

Durcissement des exigences en matière de recyclabilité

Pour qui commercialise aujourd’hui des marchandises emballées en Allemagne, il est impératif de connaître le taux de recyclabilité de ses emballages – et de l’optimiser si nécessaire. En effet, le gouvernement allemand n’est pas le seul à poursuivre des objectifs ambitieux en matière de développement des emballages durables. L’UE s’est également engagée dans cette voie. Ainsi, le Parlement européen et les états membres de l’UE se sont mis d’accord, au printemps, sur de nouvelles réglementations relatives aux emballages durables. Dès 2030, des normes strictes en matière de recyclabilité devraient être fixées pour chaque emballage. Celles-ci ont vocation à être renforcées au fil du temps. Toutefois, dans la plupart des grandes entreprises de distribution en Allemagne, il est d’ores et déjà établi que seuls les produits dont le conditionnement respecte un certain degré de recyclabilité, conformément à la norme minimale édictée par la ZSVR, ont une chance de rejoindre les rayonnages des magasins.

Actuellement, seuls 65 % des emballages sont recyclables

Wolf Karras est spécialiste des matériaux et expert en écoconception chez EKO-PUNKT, le système dual mis en place par REMONDIS. Dans le laboratoire de l’entreprise consacré aux emballages, ce spécialiste vérifie régulièrement la recyclabilité des emballages – et indique au besoin les points à optimiser. « De nombreuses entreprises se sont déjà attaquées au sujet et ont fait des progrès significatifs en matière de recyclabilité au cours des dernières années. Mais dans l’ensemble, il reste encore beaucoup à faire », analyse Wolf Karras. Le spécialiste estime que les emballages des produits alimentaires et des produits commercialisés dans les chaînes de droguerie allemandes ne sont actuellement recyclables qu’à hauteur d’environ 65 % sur l’ensemble du marché. « Si toutes les entreprises optimisaient leurs emballages sur la base des technologies actuelles », poursuit Wolf Karras, « cela pourrait, à coup sûr, permettre d’atteindre, en moyenne, un taux de recyclabilité allant jusqu’à 85 %, sans pour autant nuire à la fonctionnalité ».

Le choix des matériaux adéquats

Pour l’expert en écoconception, l’optimisation du recyclage commence dès le choix des matériaux. Il est primordial d’utiliser exclusivement des matériaux pour lesquels il existe une infrastructure de tri et de recyclage d’emballages. À l’heure actuelle, il s’agit principalement – pour ce qui concerne les emballages plastiques – de polymères polypropylène (PP) et polyéthylène (PEHD et PEBD) ainsi que de polytéréphtalate d’éthylène (PET), généralement limité aux bouteilles. Ces matériaux sont parfaitement adaptés à une utilisation courante et peuvent ensuite être très facilement transformés en granulés de haute qualité.

Wolf Karras, spécialiste des matériaux et expert en écoconception chez EKO-PUNKT

L’idéal est que l’emballage plastique dans son ensemble soit composé d’un seul type de polymère. Dans le cas où le mono plastique n’est pas possible pour des raisons de fonctionnalité, il est important de limiter au minimum le nombre de plastiques utilisés et de veiller à ce que leurs caractéristiques intrinsèques soient le plus distinctes possibles. Ils seront ainsi plus faciles à séparer lors du traitement mécanique dans l’usine de recyclage. On peut, par exemple, avoir recours à des procédés de séparation en fonction de leur densité dans l’eau ou par soufflage à l’aide de buses à air. En outre, il est impératif que les composants en question aient été fabriqués et façonnés de manière à pouvoir être facilement séparés les uns des autres au sein de l’installation, par exemple par broyage.

« Si toutes les entreprises optimisaient leurs emballages sur la base des technologies actuelles, cela pourrait, à coup sûr, permettre d’atteindre, en moyenne, un taux de recyclabilité allant jusqu’à 85 %, sans pour autant nuire à la fonctionnalité. »

Wolf Karras, spécialiste des matériaux et expert en écoconception chez EKO-PUNKT

Éviter de combiner des types de matériaux incompatibles entre eux

Dans un souci de durabilité, les fabricants devraient éviter de mélanger des types de plastiques incompatibles entre eux. « Dans les emballages de charcuterie ou de fromage », explique Wolf Karras, « la barquette est souvent en PET et le film qui la recouvre en PE. Cependant, comme il n’est pas possible de sceller le PET, une fine couche de PE est ajoutée au-dessus du PET, pour être en mesure, au final, d’assembler du PE avec du PE ». Problème : un tel traitement lie étroitement le PET et le PE, rendant impossible la récupération ultérieure de PET et de PE purs. Selon la norme minimale, un tel emballage est, de ce fait, considéré comme non recyclable. Une solution simple pour améliorer la recyclabilité de ce type d’emballage consisterait, selon Wolf Karras, à fabriquer une barquette en PP. En effet, même mélangé à du PE, ce matériau peut faire l’objet d’un recyclage optimal. De même, l’ajout de couches supplémentaires pour protéger le produit, par exemple en EVOH, n’entrave en rien le processus de recyclage.

Les concepteurs d’emballages devraient, par ailleurs, éviter de mélanger du plastique avec d’autres types de matériaux qui rendent le tri plus fastidieux, voire impossible. Tout au moins lorsque les différents composants de l’emballage ne peuvent pas être facilement séparés les uns des autres lors de la collecte ou dans le centre de tri. Là encore, Wolf Karras a un exemple concret à nous fournir : « Si un emballage est composé de plastique d’un côté et de papier de l’autre, le scanner proche infrarouge va l’identifier soit comme du plastique, soit comme du papier – en fonction du côté où il se trouve sur le tapis de tri. Cela signifie qu’environ la moitié de ces emballages ne feront pas l’objet d’une classification correcte et seront donc perdus pour le recyclage ». La tâche du scanner proche infrarouge est de reconnaître le matériau d’emballage utilisé et de le classer automatiquement dans la bonne catégorie. De même, les étiquettes en papier de grande taille appliquées sur un emballage plastique peuvent entraver le tri optique. Utiliser une étiquette en plastique plus petite permettrait de soutenir le processus de reconnaissance des matériaux assistée par capteur, améliorant sensiblement le recyclage.

Emballages en papier composite :
« Gare au retour de bâton ! »

Wolf Karras se montre particulièrement critique à l’égard de la tendance qui consiste à utiliser des emballages en papier composite. Pour conférer au papier les propriétés du plastique, comme l’étanchéité, il arrive que le carton soit recouvert de plastique : « En passant d’un emballage purement plastique à un emballage en papier composite, les fabricants entendent réduire la quantité de plastique dans l’emballage – mais l’effet est contraire à celui escompté ! Car contrairement à un emballage entièrement fabriqué en plastique, le plastique utilisé dans un composite n’est pas recyclable et la part de papier ne l’est, au mieux, que partiellement ». À en croire Wolf Karras, un emballage en mono plastique comme le PP ou le PE, qui peut être entièrement recyclé, est une alternative bien plus judicieuse sur le plan écologique.

La combinaison plastique-métal pose, elle aussi, problème. En effet, lors du processus de tri, c´est ce dernier qui est considéré comme dominant. Prenons l’exemple d’un rouleau servant à l’emballage des chips avec un fond en fer blanc. Cet emballage se retrouve, au final, collecté avec les déchets de type « boîtes de conserve » et recyclé comme du fer, entraînant la perte totale du reste de l’emballage, alors même que ce fer ne représente que 15 % du poids total de l’emballage. On peut comparer cette situation aux dosettes de café, composées à la fois de plastique et de feuille d’aluminium, qui font l’objet d’un recyclage en tant que produit de type « aluminium ».

Rien ne vaut les couleurs claires

Un autre levier possible pour les fabricants désireux de rendre leurs emballages plastiques plus durables : la couleur. En effet, à partir d’un plastique de couleur sombre, on ne peut produire qu’un granulé recyclé de couleur sombre. La fabrication de nouveaux emballages recyclés est donc nettement plus restreinte. Wolf Karras recommande donc, dans la mesure du possible, d’utiliser des matériaux transparents ou de couleur claire. Les concepteurs d’emballages seraient, en tout cas, bien inspirés de renoncer aux plastiques noirs contenant du noir de carbone. En effet, ils absorbent le signal du scanner proche infrarouge sur la ligne de tri, de sorte que ce dernier ne reconnaît pas le type de matériau. Par voie de conséquence, l’emballage ne peut pas être trié correctement et reste exclu du processus de recyclage ultérieur.

Remplacer les substances perturbatrices

Du fait de leurs composants tels que les encres, les vernis ou les colles, les étiquettes, peuvent, elles aussi, impacter négativement le recyclage. Elles risquent en effet de contaminer le granulé recyclé, entraînant une perte de qualité ou d’empêcher complètement le recyclage. « Les fabricants devraient par conséquent éviter les composants qui résistent mal à la chaleur », conseille Wolf Karras. « Ils se décomposent lors de la refonte, rendant le plastique inutilisable ». À la place, il recommande l’utilisation de colles solubles à l’eau car, de cette manière, l’étiquette peut être éliminée dans son intégralité lors du processus de recyclage, de même que tous les éléments perturbateurs. Enfin, il est possible d’optimiser encore le recyclage en remplaçant l’étiquette par une banderole transparente et détachable, fabriquée dans un matériau distinct de celui de l’emballage.

« Cela tient souvent à peu de choses », résume Wolf Karras, « pour optimiser la recyclabilité d’un emballage. Même des modifications minimes permettent en général d’obtenir des améliorations significatives sans que la fonction principale de l’emballage – à savoir la protection du produit – n’en soit affectée ».

* « neue verpackung » est un magazine interprofessionnel allemand spécialisé dans le secteur de l’emballage

Crédits photographiques: © REMONDIS