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30. avril 2025

Biodéchets : la poubelle fourre-tout

À compter du 1er mai 2025, une réforme de l'ordonnance relative aux biodéchets va entrer en vigueur. Son objectif : réduire considérablement la part de substances indésirables, notamment les plastiques, dans les poubelles biologiques.

Quand il s’agit de valoriser les biodéchets, la nature déploie tout son potentiel : les déchets verts et les restes alimentaires sont transformés en énergie d’un côté, en compost de l’autre. Un compost de haute qualité qui va servir à faire pousser de nouvelles plantes, bouclant ainsi un cycle parfait. À une condition toutefois : que la poubelle biologique reste exempte de substances indésirables. Pourtant, un coup d’œil dans de nombreuses poubelles, vertes ou brunes, suffit parfois à nous faire déchanter. Il n’est pas rare de trouver des films et des sacs plastiques au milieu des épluchures de pommes de terre, ou encore du verre parmi les restes de fruits ou bien des boîtes de conserves qui côtoient le marc de café. La Fédération allemande de gestion des déchets, de l’eau et du recyclage (le BDE) estime que jusqu’à cinq pour cent du contenu d’une poubelle bio n’ a rien à y faire.

Plastique, verre, métal – tout cela n’a pas sa place dans la poubelle à biodéchets ! Les substances indésirables augmentent le coût du recyclage, réduisent la qualité du compost et polluent l’environnement. Le plastique en particulier pose un problème de taille. En effet, de minuscules particules sont susceptibles de se retrouver dans nos sols par le biais du compost. Selon la fondation Heinrich Böll, la pollution par les microplastiques dans les sols et les cours d’eau est de quatre à 23 fois plus élevée que dans les océans.

Des normes contraignantes quant à la teneur en substances indésirables

C’est tout l’enjeu de la nouvelle ordonnance sur les biodéchets : désormais, ces derniers ne pourront pas contenir plus de trois pour cent de corps étrangers. La limite pour le plastique est même portée à 1% lorsque les biodéchets provenant de la collecte des déchets ménagers sont acheminés vers un site de compostage ou de méthanisation. Ces valeurs limites s’appliquent également aux soi-disant « emballages compostables », à l’instar des capsules de café ou des sachets estampillés biodégradables. Dans les faits, de tels plastiques ne se dégradent pas, ou trop lentement, durant le compostage, et demeurent présents dans le produit final. En conséquence, ces sachets et emballages compostables ne doivent pas être jetés dans la poubelle bio mais bel et bien avec les ordures résiduelles.

Le non-respect de ces nouvelles directives pourra entraîner le refus de la prise en charge des biodéchets dans les centres de valorisation. Ils seront alors traités comme des déchets résiduels, générant des coûts d’élimination nettement plus élevés. Coûts supplémentaires qui seront à leur tour répercutés sur les communes et donc, en définitive, sur les consommateurs. Pour l’environnement comme pour le porte-monnaie, l’impact serait très négatif !

Des contrôles renforcés – mais quand et comment ?

Toutefois, comme c’est souvent le cas avec les nouvelles réglementations, le diable se cache dans les détails – plus précisément dans la mise en œuvre concrète. Certes, la réforme prévoit un contrôle plus strict des biodéchets. Cette tâche incombe aux organismes de droit public chargés de l’élimination des déchets (appelés « örE » en Allemagne). De nombreuses communes ont déjà annoncé que le personnel chargé des tournées de collecte allait désormais contrôler davantage le contenu des poubelles bio lors du ramassage. Si des erreurs de tri étaient détectées, les bacs pourraient être laissés sur place pour inviter les usagers à les trier à nouveau. Des amendes pourraient également être infligées en cas d’erreurs de remplissage répétées, le montant de ces amendes étant laissé à la libre appréciation de chaque municipalité.

Cependant, obliger le personnel de collecte à descendre à chaque arrêt pour inspecter chaque conteneur alourdirait considérablement la charge de travail, au risque de bouleverser l’organisation des tournées. Et même ainsi, une grande partie des déchets passerait entre les mailles du filet : en effet, un simple coup d’œil dans le bac ne permet qu’un contrôle superficiel. Et plonger les mains dans les biodéchets pour une fouille plus approfondie n’est ni autorisé, ni envisageable. Certaines communes misent déjà sur l’intelligence artificielle ou sur des détecteurs capables de scanner les bacs. Des détecteurs de métaux sont également en service. Des études montrent en effet qu’il existe une corrélation entre erreurs de tri des métaux et des plastiques. Des technologies prometteuses — reste à voir comment elles continueront d’évoluer.

L’objectif de cette réforme – réduire la proportion de déchets mal triés – est juste et mérite d’être soutenu. Un constat partagé par les entreprises qui gèrent, au quotidien, la valorisation des biodéchets. « Pour la première fois, la réforme fixe des valeurs seuils contraignantes quant à la teneur en substances indésirables dans les biodéchets », explique Barbara Junker, directrice de la société RETERRA Service GmbH. « À bien des égards, cela va entraîner des changements dans les process ». Spécialiste des matières premières biologiques, la société RETERRA valorise les déchets organiques dans toute l’Allemagne pour en extraire des produits de haute qualité, tels des composts, des substrats, des paillis de sol et des combustibles bois. Or pour garantir une qualité optimale des produits, il est essentiel que les matériaux d’entrée soient aussi purs que possible. Pour ce faire, RETERRA consacre une part importante de son développement aux techniques de tri. « Nous envisageons d’utiliser des caméras et des systèmes basés sur l’intelligence artificielle afin d’améliorer encore le contrôle qualité », confie Barbara Junker.

Sensibiliser les ménages au tri sélectif demeure essentiel

Bien que le secteur travaille à l’amélioration des techniques de tri, leur mise en place – sur les tournées de collecte ou dans les centres de recyclage – intervient, en réalité, trop en aval. En effet, une fois que les substances indésirables ont atterri dans la poubelle, elles doivent être triées et filtrées, entraînant à la fois des coûts et du temps supplémentaire. Dans le pire des cas, des erreurs survenues lors du tri à la source peuvent rendre des chargements entiers inutilisables.

« Sans un tri à la source systématique et efficace, même les techniques les plus modernes restent inefficaces. Il appartient maintenant aux communes de poser les jalons pour que des biodéchets propres puissent produire du compost et de l’énergie de qualité. C’est la seule manière d’atteindre, de manière durable, nos objectifs en matière de protection du climat et des ressources. »

Sebastian Winkelheide, Président du groupe de travail sur la Biomasse au sein du BDE et directeur de REMONDIS SmartRec GmbH

La réforme nous ramène donc à ce constat simple : le tri sélectif commence à la maison ! En triant à la source des biodéchets exempts de plastiques, de métal ou de verre, nous permettons à la nature de jouer pleinement son rôle. Les biodéchets triés se transforment alors en énergie précieuse et en compost de qualité. Un véritable cercle vertueux !

Crédits photographiques : photo 1: Adobe Stock: HISTOCK