Les parcours de vie ne sont pas toujours linéaires et ce n’est qu’en théorie que l’insertion à école et l’entrée dans la vie professionnelle sont faciles. La réalité est souvent plus rude. « Personne ne voulait de moi, car j’étais mère célibataire », raconte Jacqueline Ehrenberg. Elle travaille aujourd’hui comme conductrice de camion semi-remorque chez REMONDIS Industrie Service GmbH à Bramsche et elle s’y plaît. Un sourire espiègle illumine son visage lorsqu’elle parle de ses collègues (« Je les ai tous pris en affection ») et qu’elle présente fièrement son camion avec sa plaque nominative « Jacky ».
Mais cela n’a pas toujours été facile pour cette jeune femme de 25 ans qui élève seule son enfant : une école pour enfants présentant des difficultés d’apprentissage, un diplôme du premier cycle de l’enseignement secondaire, l’échec de sa candidature auprès de l’armée allemande, une grossesse précoce. Et ensuite ? Le nom de sa fille Lotta est tatoué sur son avant-bras. Tout dans sa vie tourne autour de Lotta, six ans, une vraie boule d’énergie. Et puis il y a son travail. « Les vacances, ce n’est pas pour moi, je préfère travailler », insiste Jacqueline Ehrenberg. Le fait qu’elle soit parvenue à exercer ce métier n’a rien d’évident.
« J’ai envoyé de nombreuses candidatures pour obtenir une place d’apprentissage, REMONDIS est la seule entreprise qui a répondu », s’étonne-t-elle encore aujourd’hui. La pénurie de main d’œuvre qualifiée ? Si les employeurs ne répondent pas aux lettres de motivation, il ne faut pas s’en étonner.
Le fait que Jacqueline Ehrenberg ait pu devenir l’une des premières conductrices de poids-lourds chez REMONDIS à Bramsche est loin d’être une évidence. Ce métier est encore considéré comme un domaine réservé aux hommes. Mais Jacqueline Ehrenberg a baigné dans ce milieu depuis son enfance : « Ma mère est conductrice de poids-lourds, maintenant elle conduit des bus, mon père est conducteur de poids-lourds, il conduit une pompe à béton, et mon oncle est lui aussi camionneur », dit-elle en riant. Elle s’intéresse à la technique, et ce qui lui plaît aussi dans ce métier, c’est qu’il faut parfois mettre la main à la pâte. Quand elle ne travaille pas, elle se détend en pratiquant la peinture diamant, une technique avec laquelle elle réalise des tableaux à partir de petites pierres de strass de différentes couleurs.
« À Bramsche, nous avons l’esprit ouvert. Nous nous consacrons depuis plusieurs années déjà au sujet de l’inclusion. De manière générale, nous voulons renforcer le sentiment d’appartenance à une communauté et montrer que chacun est important dans l’entreprise ».
Leo Gerbus, Président du comité d‘entreprise de REMONDIS Industrie Service
Ensemble, c’est plus facile
Ce site de REMONDIS, situé directement au bord du canal du Mittelland se démarque à bien des égards. Son directeur, Christian Deing, a une conception moderne du travail, de la formation professionnelle et de l’esprit d’équipe. « Nous cultivons l’esprit de cohésion », explique-t-il, car il sait que « l’union fait la force ». Cela signifie aussi que beaucoup de choses sont planifiées, mises en œuvre et évaluées en étroite concertation et en partenariat avec le comité d’entreprise. « Nous avons de très bons rapports avec le comité d’entreprise », souligne Christian Deing en tournant son regard vers le président du comité d’entreprise, Leo Gerbus. Le collaborateur expérimenté de REMONDIS sourit, acquiesce et ajoute : « À Bramsche, nous avons l’esprit ouvert. Nous nous consacrons depuis plusieurs années déjà au sujet de l’inclusion. De manière générale, nous voulons renforcer le sentiment d’appartenance à une communauté et montrer que chacun est important dans l’entreprise ». Le sujet de l’inclusion a été en quelque sorte le catalyseur d’un bon partenariat social, explique Leo Gerbus, qui est entraîneur de football d’une équipe de filles pendant son temps libre. L’entreprise s’occupe des jeunes, elle entretient un excellent réseau dans la région et elle veut construire l’avenir de manière très concrète, poursuit Leo Gerbus.
Cela implique aussi de se préoccuper de la santé des employé(e)s, d’organiser des journées santé, de proposer des formations continues, de communiquer sur les plateformes sociales et d’être présent sur les salons des métiers et de la formation. Christian Deing est convaincu que tout cela, et bien plus encore, est important pour une bonne culture d’entreprise. Actuellement, 22 apprentis sont en formation dans six métiers différents et tous ont la perspective d’être embauchés à l’issue de leur formation. Le faible taux de fluctuation sur le site est un indice de la satisfaction des collaboratrices et des collaborateurs.
L’entreprise a encouragé et encourage encore des personnes qui se trouvent dans des situations de vie difficiles. En 2021, le site de Bramsche a déjà été récompensé pour son engagement dans le domaine de l’inclusion et s’est vu décerner le « prix du social de Basse-Saxe » dans la catégorie « Le social au travail ».
Le directeur du site, Christian Deing, et le Président du comité d’entreprise, Leo Gerbus
Certificat « Des bases solides pour l’avenir »
Une autre distinction a suivi : en 2022, Christian Deing et son équipe se sont vu remettre pour la première fois le certificat « Des bases solides pour l’avenir » du Land de Basse-Saxe dans la catégorie « Concevoir la numérisation en partenariat social », qui confirme qu’à Bramsche, on s’occupe tout particulièrement des employ(é)es et des apprenti(e)s, en concertation étroite avec le comité d’entreprise, et qu’on prépare ainsi l’avenir. Le site de Bramsche est l’une des quatre entreprises à avoir reçu ce certificat. Le ministère des Affaires sociales, du Travail, de la Santé et de l’Égalité des chances de Basse-Saxe et l’Agence pour la démographie récompensent ainsi les accomplissements exceptionnels des entreprises et des administrations du Land. REMONDIS s’est distingué par l’intégration de personnes en situation de handicap, par des contributions sur les métiers d’apprentissage sur les réseaux sociaux et par des processus de candidature numérisés. C’est ainsi qu’on prépare l’avenir.
Conductrice de poids-lourds et fière de l’être
Jacqueline Ehrenberg a profité de cet état d’esprit et donne à son tour beaucoup en retour, chaque jour, dans son travail – une véritable situation gagnant-gagnant. Chez REMONDIS, tout s’est bien passé dès le début : « Nous nous sommes bien entendus – et c’est encore ainsi », acquiesce Jacqueline Ehrenberg. Elle est entrée comme copilote et a suivi une formation de conductrice de poids-lourds. Elle est fière d’exercer ce métier. REMONDIS a payé les livres de classe et a toujours trouvé des solutions quand il y a eu des problèmes. Il y a eu la crise du Covid, pendant laquelle Jacqueline Ehrenberg a accumulé des heures d’absence car qu’elle a dû s’occuper de Lotta. « Nous en avons discuté, et à la fin de la formation, j’avais rattrapé toutes les heures d’absence », raconte-t-elle. Et quand ça coince, il y a toujours les collègues : « Quand j’ai un problème, je vais voir le responsable du parc de véhicules, Andreas Kamp. Nous trouvons toujours une solution ».
Elle est encore « super contente » aujourd’hui, et en même temps, elle se souvient que pendant sa formation, elle a aussi été « une garce ». Et elle ajoute en souriant que son formateur Thorsten Wachtel en sait quelque chose. La formation et l’entrée dans la vie professionnelle n’ont pas été une sinécure – cela vaut pour les deux parties. Aujourd’hui, elle ne jure que par l’équipe – et surtout par son collègue préféré Neil (nommé d’après l’astronaute Armstrong) Lewis – ainsi que par l’atmosphère collégiale qui règne dans l’entreprise. Entre-temps, Jacqueline Ehrenberg, qui se décrit elle-même comme une « conductrice au tempérament bien trempé », est devenue un modèle pour d’autres jeunes femmes qui la suivent et qui, comme elle, ont envie de conduire des camions. Parfois, elle emmène ses jeunes collègues en tournée et leur explique qu’on peut prendre son avenir en main – comme elle l’a fait !
Crédits photographiques: REMONDIS